Ce que l’immigration basée sur le mérite signifie dans le monde

Ce que l’immigration basée sur le mérite signifie dans le monde

La Maison-Blanche cherche à créer un système d’immigration bâtit sur le mérite plutôt que sur la réunification des familles.

 

Avis d’une professeure de sciences politiques, Université Concordia, Montréal, Canada

Le programme d’immigration permanente est divisé en trois grands volets. Ces trois volets sont de nature : économique, familiale et humanitaire. Le volet économique représentait environ 60 % de l’immigration permanente totale au Canada en 2015 et 2016. La famille représentait 24 % de l’immigration totale du pays. Ces proportions sont restées relativement stables au cours des 15 dernières années. L’immigration économique représentant la plus grande part de ceux qui ont été sélectionnés pour s’établir de façon permanente dans le pays.

Le volet économique de l’immigration permanente est actuellement divisé en plusieurs programmes. En effet, le programme fédéral des travailleurs qualifiés est souvent utilisé comme exemple phare de l’approche adoptée par le Canada pour sélectionner les immigrants en fonction de leur future contribution économique. Le président des Etats-Unis, Donald Trump en a fait l’éloge au motif qu’il créerait une mobilité économique à la fois pour les Américains de naissance et les immigrants.

Pour être pris en considération, les candidats doivent satisfaire des critères de base concernant l’expérience de travail, la maîtrise d’au moins une des deux langues officielles : le français ou l’anglais et l’éducation. Les candidats sont ensuite évalués à l’aide d’une grille de sélection de 100 points tenant compte de facteurs tels que l’éducation, l’expérience, l’âge, l’emploi réservé au Canada et la capacité d’adaptation du candidat. La capacité d’adaptation fait référence au niveau de langue du conjoint ou du partenaire, aux études et aux travaux antérieurs au Canada, pour le demandeur et son conjoint (ou partenaire), et à l’éventuelle existence de parents au Canada.

Pour être admissible, un candidat doit obtenir au minimum 67 points. Le bassin de candidats admissibles est ensuite classé. Les personnes les mieux classées sont invitées à présenter une demande de résidence permanente. Ce système, appelé Express Entry, repose sur un système de classement complet qui implique un total de 1 000 facteurs. Les invitations sont émises chaque mois par le ministre de l’Immigration.

Malgré un système d’évaluation sophistiqué, la recherche démontre que les immigrants au Canada font toujours face à des défis pour trouver des emplois et atteindre la mobilité économique à court et à moyen terme. Le sexe, la race et la position géographique dans le pays et le secteur d’emploi sont tous des facteurs qui influent sur l’intégration économique des immigrants au Canada.

 

Voici la déclaration du doyen et professeur de droit d’intérêt public ainsi que du programme d’études “Chicana”, à l’Université de Californie aux États-Unis.

« Le président Donald Trump a appelé à la révision des lois américaines actuelles en matière d’immigration. Actuellement, les lois donnent la priorité à la délivrance de visas pour les membres de la famille des personnes déjà aux États-Unis. Trump et ses collègues républicains veulent remplacer ce système par un système fondé principalement sur le mérite.

À cette fin, Trump a approuvé une loi nommée “RAISE Act” en février 2017. Les républicains, y compris le président Trump, continuent de faire pression et de revoir certains éléments, notamment ceux en lien avec la réduction de la capacité des immigrants déjà présents dans le pays à faire venir leurs parents.

Cette loi visait à réduire de moitié l’immigration légale annuelle, passant de 1 million à 500 000. Pour ce faire, il réduirait le nombre total de cartes vertes parrainées par les familles de 226 000 à 88 000. La réduction de l’immigration familiale toucherait principalement les immigrants potentiels provenant du Mexique, de la Chine et de l’Inde, les trois pays qui envoient aujourd’hui le plus grand nombre d’immigrants aux USA.

En vertu de la loi RAISE, les immigrants admis sur la base d’un nouveau système de points fondé sur “le mérite » constitueraient la majorité de ceux qui recevraient une carte verte. Les demandeurs de visa obtiendraient des points pour des offres d’emploi mieux rémunérées, selon leur niveau d’anglais, leurs diplômes supérieurs, ils auraient également la possibilité d’investir à hauteur d’un million de dollars américains dans le pays de l’oncle Sam.

La réduction de l’immigration légale entraînera probablement de l’immigration clandestine. À l’heure actuelle, il y a déjà environ 11 millions d’immigrants sans papiers aux États-Unis. Un système fondé sur le mérite signifiera que moins de familles pourront être réunies avec leurs proches grâce à l’immigration légale. Ce système ne répondra pas non plus à la forte demande de travailleurs aux États-Unis, peu et moyennement qualifiés, dans les secteurs de l’agriculture, de la construction et des services, qui emploient actuellement de nombreux immigrants sans papiers.« 

Une déclaration faite cette fois-ci par le directeur de l’unité de recherche sur le droit public et les politiques, Adelaide Law School, Université d’Adelaide, Australie.

« Entre 2015 et 2016, l’Australie a accepté 189 770 migrants permanents par le biais de ses flux d’immigration qualifiés et familiaux. En outre, l’Australie a accepté de façon permanente un peu moins de 18 000 réfugiés et autres migrants relevant de l’humanitaire. C’est le niveau de migration vers l’Australie depuis plus de 10 ans, ajoutant près de 1 % à la population australienne de 24 millions d’habitants. C’est une proportion considérablement plus importante que ce que les États-Unis admettent à travers leurs programmes de migration.

Il y a une vingtaine d’années, le nombre de migrants arrivés pour motif familial était plus élevé que celui des migrants venus grâce à un employeur. En 2015 et 2016, 67,7 % des migrants sont passés par la filière des travailleurs qualifiés. Ce changement résulte directement de la politique gouvernementale qui accorde la priorité à la migration des travailleurs qualifiés en raison de leur contribution à l’économie.

Toutefois, ces chiffres sont trompeurs, car les chiffres du flux de migration des travailleurs qualifiés comprennent les partenaires et les personnes à charge des demandeurs principaux. Ainsi, environ la moitié de tous les migrants qualifiés font partie de la famille de migrants qualifiés qui n’ont pas besoin de satisfaire les critères d’admissibilité du demandeur principal.

Il existe deux voies de migration des travailleurs qualifiés. La plupart exercent leurs compétences dans des domaines professionnels comme la médecine ou le génie, ou des métiers utile à l’économie, tels que la plomberie et l’électricité. La liste est mise à jour régulièrement sur la base d’une évaluation des besoins économiques de l’Australie.

Les visas pour ce groupe sont attribués selon un système de points. C’est un système similaire à celui qui est proposé aux États-Unis. Il fonctionne à l’aide de points qui sont attribués pour l’âge, la maîtrise de l’anglais, l’emploi qualifié à l’extérieur de l’Australie, l’emploi qualifié en Australie et les qualifications liées aux professions figurant sur la liste des professions qualifiées. Il y a aussi des points disponibles pour venir étudier en Australie ou compléter une année professionnelle. Bien que les migrants de cette filière soient hautement qualifiés, ils ne trouvent pas nécessairement un emploi dans leur domaine d’expertise et beaucoup restent sous-employés.

La deuxième voie est celle des migrants qualifiés dont l’employeur est le parrain. Ce parcours est ouvert aux migrants possédant un plus large éventail de compétences et présente l’avantage d’avoir un emploi dès l’arrivée en Australie. Les employeurs doivent démontrer qu’ils disposent d’un poste qualifié et qu’il n’y a pas d’Australiens désireux ou capables d’exercer ce poste. Pour cela, les employeurs doivent avoir publié des offres d’emploi au niveau local avant de chercher des migrants pour faire le travail concerné.

Presque tous les migrants parrainés par l’employeur présentent une demande à partir de l’Australie, et 44 % des migrants qualifiés indépendants présentent également une demande à partir de l’Australie, des personnes en situation de travail temporaire, des étudiants internationaux ou des travailleurs disposant d’un visa vacances-travail. Cela reflète le nombre très élevé de migrants temporaires travaillant et étudiant avec ces visas en Australie : 750 000 en décembre 2016.« 

 

 

Partager cet article