Y-a-t-il un lien entre l’immigration et la criminalité ?

Y-a-t-il un lien entre l’immigration et la criminalité ?

Les immigrants sont accusés dans les gros titres des journaux d’être à l’origine de toute une série de problèmes.

Les partis politiques utilisent les politiques d’immigration comme des arguments de vente clés, ce qui entraîne une division de l’opinion publique, avec soit de la peur et de l’hostilité envers les immigrants, soit des éloges inutiles et écrasantes. Les deux sont tout autant immérité.

C’est dans cette atmosphère politiquement chargée que la discussion sur l’immigration est devenue l’emblème d’une époque où l’expertise est vilipendée et où les vérités gênantes deviennent de “fausses nouvelles ». Et moins il y a de faits, plus il y a d’indignation.

Une image mitigée

La réalité, c’est qu’en tant que les chercheurs en savent peu sur la relation, s’il en est, entre l’immigration et la criminalité. Cela s’explique en partie par le fait que l’obsession journalistique de l’immigration et de la criminalité a fait de cette question un sujet de recherche quelque peu tabou. Comme en témoigne le peu de documentation universitaire disponible, il n’y a tout simplement pas de consensus.

Aux USA, on peut se rendre compte que les régions où les immigrants récents sont concentrés ont rencontré une réduction du nombre d’homicides et de vols qualifiés. En utilisant les données enregistrées par la police à Chicago, les chercheurs ont également constaté que les immigrants mexicains de première génération, sont 45 % moins susceptibles de commettre une infraction violente que les Américains de troisième génération.

De même, une étude européenne réalisée à grande échelle sur les effets de l’immigration sur la criminalité, a conclu que si l’augmentation de l’immigration n’affecte généralement pas les niveaux de criminalité, elle va de pair avec une anxiété accrue du public et des positions anti-immigration.

Tout est une question de culture

La recherche montre également que les immigrants qui viennent de milieux culturels similaires à leur nouvelle région sont susceptibles de commettre moins de crimes que la population autochtone. La recherche sur Los Angeles, par exemple, a démontré qu’un plus grand nombre d’immigrants latino-américains provenant de régions culturellement similaires aux résidents actuels, réduisait les taux de violence dans la région.

Il en est de même concernant la recherche en Espagne qui a montré que les immigrants hispanophones ont eu un impact beaucoup plus bénin sur la criminalité que les immigrants d’autres origines.

Des cultures similaires peuvent faciliter l’intégration des immigrants

Au Royaume-Uni, l’impact de deux vagues d’immigration a été examiné par des chercheurs, en particulier la relation entre l’augmentation de l’immigration et les niveaux de criminalité. L’analyse a révélé que lorsque les travailleurs des pays d’Europe de l’Est (qui ont rejoint l’UE en 2004) sont arrivés au Royaume-Uni, l’impact sur la criminalité était minime. Mais la recherche a également révélé que la vague de demandeurs d’asile qui sont arrivés au Royaume-Uni dans les années 1990, principalement en provenance de pays déchirés par la guerre comme l’Irak, l’Afghanistan et la Somalie a coïncidé avec une légère augmentation du nombre total de crimes. Sûrement dû au fait que les taux d’emploi pour cette vague d’immigrants étaient beaucoup plus bas que ceux du Britannique moyen.

Qu’en est-il des zones multiculturelles ?

Les populations d’immigrants ont tendance à être très concentrées, les gens ayant tendance à résider dans des régions où il y a déjà des communautés. Des recherches récentes montrent que dans l’ensemble de la Grande-Bretagne et du Pays de Galles, des régions où les immigrants d’une seule origine constituent une majorité importante de la population immigrée, la criminalité a tendance à être faible. Le taux de criminalité est presque aussi faible que dans les régions à faible population d’immigrants.

Peu importe l’origine de la population immigrée. Ce qui semble être la clé, c’est qu’il y a une similitude culturelle au sein de la population immigrée au sein d’une même région. Des recherches ont également révélé que les régions où le nombre d’immigrants est très élevé et où le taux de criminalité est faible ou inférieur à la moyenne nationale ont tendance à être des régions où il y a des immigrants européens ou africains.

Mais les recherches ont également montré que les régions où deux cultures ou plus (autres que celle de la population autochtone) sont prédominantes ont tendance à être très criminelles. C’est particulièrement le cas dans les régions où la proportion d’immigrants originaires d’Asie et d’Europe est la plus élevée. Dans ces régions, les crimes violents sont 70 % plus élevés, les crimes contre les biens sont 92 % plus élevés et les crimes contre les véhicules augmentent de 19 % par rapport à la moyenne nationale.

Comment réagir face à ce sujet ?

Les recherches montrent la nécessité de considérer la culture comme un élément inestimable dans l’examen de l’impact de l’immigration sur la criminalité.

Il faut aussi tenir compte du fait que les communautés d’immigrants sont moins enclines à communiquer avec la police et plus susceptibles de “s’auto-réglementer  » ce qui peut inévitablement entraîner une augmentation de la criminalité. Ainsi, le maintien de l’ordre dans les communautés d’immigrants, qui sont de plus en plus concentrées, doit être fait en tenant compte des différences culturelles.

Le logement social et d’autres initiatives en matière de logement abordable doivent également être soigneusement réfléchis afin d’éviter de créer des conflits culturels dans la mesure du possible. Certaines avancées récentes, comme la Stratégie des communautés intégrées du gouvernement britannique, tentent déjà de surmonter les barrières linguistiques qui empêchent l’intégration. Mais en fin de compte, une discussion plus calme en vue d’un monde plus sûr et plus cohésif ne nuirait pas non plus.

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